Le 15 janvier, les enfants rassemblent des kadomatsu (branches de pin et de bambous servant à décorer la porte d’entrée pour
la fête du Nouvel An) et de vieilles amulettes de chaque famille, puis
fabriquent le Yahahaero avec des herbes séchées et de la paille qu’ils
ont préparé durant l’automne précédent. Le jour même, ils finissent rapidement
la fête du Nouvel An, se rassemblent par petits groupes, et font un cercle
autour du Yahahaero. A une heure fixée, l’homme de l’année, choisi selon
le eto (cycle de soixante ans qui servait autrefois pour définir le calendrier et les heures) allume le feu, et tous se mettent à crier : “la flamme doit toucher le ciel Yahahaero” et prient afin d’être protéger contre les maladies et les désastres. Quand j’étais enfant, cette fête avait lieu vers la fin du mois de janvier, selon l’ancien calendrier. C’est la période ou l’on sent que l’hiver se termine. On faisait une offrande d’une bouillie de riz avec des petits légumes secs au kadomatsu avant de le retirer, puis on décorait un arbre avec des dango (boulette de pâte de riz) du gâteau de sarrasin, et l’extrémité des fétus de paille avec des cocons de ver à soie. Le lendemain, le 16 janvier c’était la fête des filles nommée “le couvercle de la marmite de l’enfer que l’on parvient à ouvrir”. On déposait de l’engrais sur la neige, puis on préparait le déjeûner. On disait que si l’on commençait en retard la fête du nouvel an, on se mettait également en retard pour le reste de l’année. On dînait donc de bonne heure et on commençait le Yahahaero. On enveloppait le kadomatsu avec de la paille comme lorsqu’on fabrique de l’engrais. Quand toute la
famille était rassemblée, le grand-père allumait le feu. L’intensité des
flammes augmentait. Et l’on criait aussi fort que la flamme brûlait : “
Senkisenbakofutondeke, Yahahaero”, et le feu atteignait son paroxysme.
J’ai essayé de comprendre le sens de cette phrase : “Senkisenbakofutondeke,
Yahahaero”. “senki” signifie douleur des reins dans la médecine chinoise,
“Senbaco” l’ensemble, “futondeke” s’envoler avec la flamme, “ya” la maison
et “haero” prospérer. Le sens en est donc : “Que toutes les maladies et
douleurs s’envolent et que la famille prospère”. Je pense qu’ils s’adressent
au ciel en criant, afin de se protéger contre les maladies et pour s’assurer
la prospérité de la famille.
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